" - Tu le tiens d'où ce parapluie ?
- Un jour j'ai demandé à un Dieu de me donner des ailes pour voler jusqu'au Paradis. Alors il m'a donné ce parapluie, grâce auquel je peux voler.
- Alors t'es allé jusqu'au paradis ?
- Je n'en ai pas eu besoin. Je me suis envolé, et, en passant au-dessus de la terre, je me suis mis à la regarder. J'ai vu les champs, les forêts, les rivières et les villes, les vaches dans les prés, et les poissons dans l'eau. J'ai parlé avec les oiseaux, et ils m'ont dit que plus loin il y avait encore plus à voir.
En regardant tout ça je me suis dit: et si c'était ici ? Alors je suis redescendu, et j'ai souri à la première personne que j'ai vu.
- Et qu'est-ce qu'elle a fait ?
- Elle m'a offert un petit bout des cieux, un petit fragment de bonheur dans un joli sourire.
- C'est pour ça que tu souris tout le temps ?
- Oui. On m'a tellement souri que j'ai réussi à assembler les pièces du bonheur. Maintenant je l'offre à ceux que je croise..
L'escalier vers le paradis il n'est pas dans les églises ou dans un parapluie volant, il est dans le sourire des gens. Chaque personne que tu croise peut en être une marche."
"- Bonjour monsieur !
- AH ! Mais ! Qu'est-ce que ?! Un fantôme ?!
- Mais non, voyons ! Oh, je vois, c'est le mur, c'est ça ? Ne vous en faites pas, c'est normal. Je vais très bien. Votre mur aussi d'ailleurs, il vous passe le bonjour !
- Mais vous êtes qui bon sang ? Et qu'est-ce que vous foutez dans mon mur ?!
- Locaste, mon bon monsieur ! Ce n'est rien, ne vous en faites pas. Votre côte est bonne ? C'est du veau, non ?
- Mais... Mais vous êtes qui ?
- Je viens de vous le dire ! Mh. J'aurais rajouté un peu d'aromates. Peut-être du poivre, pour rehausser, ou un peu de moutarde.
- je deviens fou...
- Je ne vous ennuierai pas plus longtemps, je vais aller droit au but: Auriez-vous vu un poisson ?
- Un... Un poisson ?
- Oui, un poisson ! Un petit poisson, très mignon. Adorable, vraiment, avec de belles couleurs chamarrées. Il me semble qu'il est passé par ici. Je le cherche, voyez-vous. C'est un très gentil poisson.
- Vous êtes fou...
- Peut-être ! Mais mon poisson me manque un peu, je dois dire. Il ne faudrait pas qu'il se perde. D'habitude il me suit pas à pas en tous lieux, mais il a décidé de faire une ballade ce matin, j'ai encore laissé la fenêtre ouverte... Oui, je suis un très tête en l'air.
- j'ai pas vu votre poisson...
- Vous êtes sûr ?
- Oui, sûr, j'aurais vu votre poisson si j'avais vu votre poisson...
- Effectivement, c'est un raisonnement implacable. Bien, alors je vous laisserai. Bon appétit ! Pensez à rajouter de la moutarde la prochaine fois !
- Oh mon dieu ! Oh mon dieu, il passe à travers les murs... C'est vers mon balcon que vous allez, là... Mais... Non... Attendez monsieur ! Non ! Ne sautez pas ! N- ! ... En... Envolé ? Ville de tarés...
C'est vrai que ça manque un peu de moutarde."
" - Vous prendrez bien un peu du thé de mon cher majordome ? Il est tout bonnement excellent.
- Avec plaisir... Un majordome gobelin, c'est assez rare, non ?
- Ma foi, il est loyal et plein de ressource, malgré sa cécité. Et c'est un homme plein de bons sentiments. Vous devriez l'entendre jouer du piano, c'est stupéfiant.
- Je n'en doute pas... A la votre !
- A la votre.
- ... Ah ! Mais ! Mais c'est horrible !
- Plaît-il ?
- Mais votre majordome il... Il a mis du sel dans son thé !
- Oh, oui, il le fait tout le temps.
- Mais c'est écoeurant !
- Je vous en prie, il est aveugle. Un aveugle ne saurait distinguer le sucre du sel.
- Mais vous ne lui avez pas dit ?
- Mon ami est persuadé de faire le meilleur thé du monde, et il me le fait depuis que nous nous connaissons. Que ce soit du sel ou du sucre m'importe peu.
- Enfin... Il serait mieux de lui dire, non ?
- Pourquoi le ferais-je ? Il serait déboussolé si je lui apprenais que le thé qu'il chérit tant est ainsi agrémenté, je n'aurais pas le coeur de lui faire ça. Et puis, j'aime bien ce thé.
- Vous aimez ça ? Mais... Mais c'est à peine comestible !
- A l'instar d'absolument tout ce qu'il prépare ! Mais je n'y prête guère attention. Le goût n'est pas important, l'enthousiasme qu'il met dans chacune de ses attentions suffit à me régaler. Ces fleurs fanées qu'il arrose, cette vaisselle que j'ai réparé un nombre incalculable de fois, l'attention qu'il prête à réparer ses horloges, qui ne fonctionnent jamais... Je ne vois pas d'intérêt à le réprimander ainsi. Il aime ce qu'il fait, et j'aime le voir faire.
- Vous êtes... Particuliers.
- Qui ne l'est pas ? Tiens, Mr.Fish est encore sorti. "