Les pas de fer et les bottes de cuir avancent sur les vestiges d'un fabuleux été, sous les cimes d'un automne poursuivant sa longue œuvre, et dans les présages d'un hiver dont l'écho glacial se répercute dans la brise parfois mordante.
L'aube a éveillé les deux êtres, les a tiré leur de leur torpeur, elle a animé l'armure, ravivé la guerrière, et sa lumière rayonne désormais sur le chemin qu'elle leur trace. Leur ventre comblé et leur détermination rassasiée, ils avancent vers une lutte sans merci, et avec l'assurance d'une victoire sans appel.
Le mal du chevalier accompagne ses pas, le secouant de légères quintes de toux, qu'il réprime sans problème, ignorant la plaie qui pourtant le ronge, comme si la simple présence d'un visage amical suffisait à soulager sa peine.
Un visage aux yeux vaillants, avec lesquels il échange de rapides et fermes regards. Le tranquille vagabondage de la veille a laissé place à une marche de bataille, leurs pas rapides et cadencés projetant les échos des armées avançant en ordre serré à travers la campagne, sur la route et vers la guerre.
C'est là où ils se dirigent, et l'odeur de la lutte se fait plus vive à chaque instant, une odeur mêlée de fer et de sang.
Les deux guerriers, sens en alertes, ne voient plus les couleurs chamarrées, ni les animaux s'évadant sur leur passage. Ils n'entendent plus le concert aigu des oiseaux, et ne sentent plus le frais humus et son fertile fumet. Leurs yeux traquent le moindre mouvement humanoïde, leurs oreilles se dressent pour entendre une branche craquer de manière inhabituelle, leur nez cherchent l'odeur de la fange, de la boue, de la chair et de la mort.
Les voilà projetés en territoire ennemi, face à un adversaire vicieux et brutal... La moindre seconde d'inattention pourrait les plonger dans les bras de la Faucheuse.
L'épaule de Kleyï porte sa hache, Allester a dégainé son épée. Que l'ennemi approche, il ne fera pas de vieux os.
Soudain, le poing de la guerrière se dresse. L'armure s'arrête.
Le silence s'appesantit, chaque seconde alourdit l'air, écrasant la poitrine du guerrier, et courbant son dos sous le poids de l'appréhension, tandis qu'il se met lentement en garde, et que sa camarade, yeux dressés vers les cieux, semble explorer les cimes du regard.
Mais c'en est bientôt trop pour sa patience, il l'interpelle.
« Les feuilles, Allester...
- Quoi ?
- Elles sont vertes.
- Perspicace, t'as d'autres éclairs de génie à me faire partager ? » S'empourpre-t-il, les épaules s'affaissant et son ton gagnant en acidité.
« On est en plein automne. »
Un instant de surprise, il lève lentement la tête... Et découvre, en place de rameaux de chênes, un plumage d'émeraudes et de jade, resplendissant dans la lumière du soleil comme une multitude de miroirs taillés dans l'aventurine, surplombant des troncs d'une vigueur telle qu'on les crut animés s'ils n'étaient pas enracinés dans un sol plus fertile que jamais, tapissé d'une herbe épaisse et plus grasse encore que dans les sylves elfiques. Lierre et broussailles s'épanouissent dans autant de nuages de verdure, un coton de feuilles auxquels se rajoutent fougères, mûriers, framboisiers et fraisiers, une canopée de châtaigniers, de chênes, de noisetiers, de pommiers et de poiriers, sur lesquels grimpent et s'accrochent les vignes de Storvan, dans une étreinte naturelle et presque amoureuse, une multitude d'arbres dont les troncs vont du brun profond au blanc, se couvrant de fruits et de bourgeons, le tapis de pure fertilité se parsemant, par endroits, de fleurs aux couleurs vives et dont les bulbes ouverts laisseraient presque deviner un nouveau printemps.
Se perdant pendant quelques instants dans une profonde contemplation, leur regard nageant dans cette mer de pure verdure, les deux guerriers finissent par s'extirper de leur stupéfaite torpeur, et se concerter.
« Tu sais ce que c'est ?
- J'en ai une idée, range ton arme, on ne craint rien.
- Tu es sûre ?
- Je suis née dans un coin comme ça, Allester, fais-moi confiance. »
S'exécutant, le chevalier replace son épée sur son baudrier, et rattrape la combattante qui déjà s'éloigne, en tâchant de ne rien écraser sous ses lourdes bottes d'acier.
Traversant l'épaisse broussaille et les bois touffus, les deux mercenaires, dressant l'oreille, perçoivent un lointain chant d'oiseaux...
Enfin se découvre une large clairière, bercée par la lumière dorée d'un soleil courant vers son apogée. Et, trônant au milieu du havre de verdure et de paix, où s'étendent et s'épanouissent campanules, pâquerettes et tulipes, où les onagres font la cour aux bleuets, et où la guède s'allonge aux côtés de la lavande, au milieu de l'herbe touffue, des arbres aux feuilles vigoureuses et aux branches chargées de fruits, assise sur une souche, un tranquille harnois.
Une armure d'acier étincelante, polie par le temps, mains posées sur la garde d'un long espadon parcouru de délicates gravures aux arabesques chantantes, les épaisses plates servant de bancs à une myriade d'oiseaux, reposant sur la statue de métal, surplombée d'un grand heaume plat, où s'élèvent, couronne de la faune, signe de royauté et de noblesse, deux grands bois de cerf.
La tête inclinée, comme plongée dans une infinie torpeur, chevaleresque monolithe au repos imperturbable, la grande sculpture, pourtant d'acier et de fer, semble être née des bois, enfantée par les chênes, bercée par le hululement des chouettes, élevés au milieu des biches, des daims et des faons.
« Un chevalier du Cerf. » S'émerveille Kleyï.
Les petites têtes emplumées se tournent vers eux, tandis qu'ils avancent d'un pas.
Entre les deux bois, un petit moineau picore le heaume, quelques tapotements inquiets.
La tête se relève.
« Bonjour... » Bredouille Allester.
Soudain, comme apeurés, la nuée d'oiseaux s'envole dans un fracas d'ailes terrifiées, et va se poser dans un châtaignier, ne laissant que le moineau, sautant du heaume sur la spallière d'acier, et lançant un petit « Cui cui » moqueur à ses camarades, avant de tourner le regard vers les intrus.
« Bonjour, mercenaires. » Lui répond le tressaillement des bois, l'écho des âges, le vibration du lierre que la nature tient pour cordes vocales. « Pardonnez mes amis, nous n'avons plus l'habitude des visites.
- Vous savez qui nous sommes ?
- Cet indiscret jeune homme m'a rapporté vos paroles, en effet.
- Qui ?
- Lui. » Répond-il en tournant la tête vers le moineau.
« Cui cui ! » S'exclame l'oiseau sautillant sur l'épaule du gardien des bois.
Etonné, enchanté, Allester hoche la tête dans un sourire épaté, un rire discret s'échappant de sa bouche entrouverte.
« C'est un endroit magnifique, vraiment. » Poursuit-il après un long silence.
« Je vous remercie. Je fais de mon mieux pour le garder en belle forme. Les habitants de ces bois ont besoin d'un endroit où s'abriter pour l'hiver, et je ne voudrais pas que l'un d'entre eux ne meure de faim.
- C'est vrai qu'il y a de quoi festoyer. » Affirme Kleyï, passant son regard sur les branches chargées de fruits.
- Vous êtes druide ?
- Non, je ne suis qu'un disciple, un apprenti. Mes petits tours de passe-passe ne sauraient rivaliser en grâce ni en force avec les incommensurables pouvoirs de mes mentors. »
A nouveau, Allester opine du chef.
« Bien... Je vous prie de nous excuser pour notre impolitesse, mais nous devons partir. » Lui dit-il.
« En effet, on devrait se remettre en marche. »
Le druide en armure baisse la tête... Comme perplexe.
« Je ne peux pas vous laisser passer.
- Pourquoi ? » S'étonne la guerrière.
Redressant le regard, l'homme poursuit, d'une voix ferme :
« Ce tertre est sacré.
- Bien, on le contournera, c'est pas un problème. » Répond Allester, décontenancé par le soudain changement de ton.
- Vous ne comprenez pas, je ne peux pas vous laisser aller plus loin. » Affirme t-il, sa voix durcissant à chaque syllabe, comme cristallisée par leur insistance.
« Pourquoi ? » S'offusque la guerrière.
« Il y a des endroits où les humains ne doivent pas aller. Cette partie de la forêt en est une.
- Et pourquoi ? » Insiste t-elle, empourprée.
« Je viens de vous le dire : cet endroit est sacré. »
Lierre et fer se toisent pendant de longues secondes, le druide et les mercenaires se livrant un duel de regards, la tension s'accroissant à vue d'oeil, se muant en une brume de méfiance presque palpable.
Rompant le silence, la guerrière prend une grande inspiration, et, sur un ton d'un calme presque insultant, lui lance :
« C'est étrange... Y'a rien pour l'indiquer.
- Pardon? »
- Un lieu sacré, pour un druide, c'est toujours indiqué par des cairns, des cercles de pierre... C'est des avertissements. Ici, rien de tout ça. »
« Et ? » Demande le chevalier du cerf, croisant les mains sur le pommeau de son épée plantée dans le sol, s'appuyant lourdement.
« Vous êtes bien sûr que c'est un lieu sacré... » Amorce la guerrière...
« … Et que vous ne tâchez pas de nous barrer le passage ? » Termine le guerrier.
Redressant les épaules et renfonçant son heaume entre les spallières, l'aspirant druide s'offusque. Son long souffle fait tressaillir l'herbe et frémir les branches, les oiseaux s'envolent... Ne restent que la paix troublée du tertre, et le désaccord des trois êtres.
« Mais pourquoi vouloir nous empêcher d'aller plus loin ?
- Vous connaissez notre mission, non ? »
Le druide plaque sa main sur son heaume, soutenant sa tête s'abaissant. Il semble effondré... Mais pourquoi ? Les aventuriers ne le demandent pas, et poursuivent l'assaut verbal, Allester en tête :
« Il y a un homme, là où vous voulez nous interdire d'aller, qui risque à tout moment de se faire dévorer par une tribu de monstres barbares, sanguinaires et anthropophages. » Clame t-il, pointant la forêt d'un doigt inquisiteur, son poing se serrant et sa voix vibrant sous l'effet de la colère. « Avec tout le respect que je vous dois, maître de ces bois, chaque seconde que vous passez à nous empêcher de passer les rapproche un peu plus de l'heure du repas, et aucun de nous ne veux d'un homme innocent à leur menu ! »
Le chevalier avance d'un pas décidé, Kleyï le suivant à une allure timide.
Les deux mercenaires s'arrêtent à quelques mètres de l'homme, attendant son accord.
« Ecartez-vous. Aidez-nous à le sauver. » L'enjoint la guerrière.
« Il y a deux raisons pour lesquelles je ne veux pas que vous alliez plus loin. » Se justifie t-il d'une voix dure et sèche, dos courbé, la tête enfoncée dans les épaules, sa main battant le rythme de ses mots pour les plaquer dans l'esprit des mercenaires. « La première est que votre quête est inutile, la seconde est qu'elle est dangereuse.
- Ca suffit. Laissez-nous passer. »
Et, pour accompagner ses paroles, Allester dépasse le druide, sans plus lui prêter attention, suivi par Kleyï.
Le chevalier du cerf se lève, se tourne vers eux, et, portant sa main vers les aventuriers, entame :
« Mercenaires, vous- » Mais se ravise. Son bras retombe, et, dans un profond soupir, il voit impuissant les jeunes gens s'éloigner, s'enfoncer dans les fourrés.
Perçant à travers les bois, s'éloignant du tertre, les aventuriers progressent vers le Nord-Est, dans la direction approximative du camp des satyres, dont la présence commence à être trahie par de multiples indices, que la mercenaire ne manque pas de faire remarquer.
Exploitant ses capacités d'éclaireur, la combattante se lance dans une traque à la moindre trace de pas, à la moindre branche cassée... Les marques de sabots caprins s'enfoncent dans la terre, courbent l'herbe et laissent clair le passage des meurtriers hybrides, créant un chemin direct et irréfutable vers leur destination.
Leur allure, sans ralentir, se fait plus prudente. Imitant bientôt celle des loups, les deux chasseurs tentent de limiter au possible leurs bruits de pas, une prouesse pour Allester, que Kleyï congratule d'un lent hochement de tête.
Cette dernière prend la tête, mettant à profit son expérience du terrain. Allester, quelques mètres derrière, fait craquer ses phalanges, son bras prêt à dégainer à n'importe quel instant. Que l'ennemi approche, il l'attend.
Des heures passent, le méridien approche et le soleil s'élève haut dans les cieux voilés par les cimes.
Une odeur âcre s'élève alors. Un autre pas, et elle se confirme : de la fumée, l'odeur mêlée d'un feu de bois... Et de la graisse brûlée.
Un rapide coup d'oeil, les mercenaires se jettent derrière un talus pour s'y dissimuler, ne se redressant que très furtivement pour observer le campement.
Les peaux grossièrement tannées se mêlent aux épieux dans des constructions semblables à de rudimentaires abris, de simples précautions contre la pluie, sous lesquelles s'entassent armes de fortune et outils primitifs.
« Tu as une longue-vue ? » S'enquit Allester.
« Non, et toi ? »
Le chevalier répond d'une moue contrariée, forçant sa vue pour observer plus en détail le campement.
Impossible de rater la « structure » centrale de ce dernier : une grotte creusée dans la terre d'une pente, semblable à un terrier d'ours maintenant déserté par son premier occupant, où entrent et sortent les bêtes.
Les hybridations d'ovidés se pressent dans le campement, leurs fourrures fauve et carmine projetant des reflets sanguins, semblables à l'auburn crasseux d'un sauvage délaissé par la civilisation.
Leurs cornes, tantôt de bouquetins, tantôt de béliers, ornent leurs crânes caprins et permettent aux mercenaires une meilleure évaluation de leur nombre. Certains semblent porter des armes de métal, tranchant drastiquement avec les outils rudimentaires de pierre et d'os constituant la plupart des ustensiles visibles.
Pourtant, aucune forge n'est en vue ; sûrement des fruits de pillage, des trophées de guerre –ou plutôt de massacres- que les satyres aguerris arborent comme des trophées.
Il leur faut plusieurs minutes pour le distinguer, mais certaines bêtes semblent plus petites, et à en juger par leur carrure moins imposante et leurs cornes réduites, ils en déduisent qu'il s'agit des femelles... Certaines, assises sous les abris, semblent effectuer quelque travail manuel.
Textile, peut-être ? Etonnant, car aucun tissu n'a été aperçu jusqu'ici. De plus, elles effectuent leur office au-dessus d'un réceptacle semblable à un large pot de fonte... Les mercenaires se concertent... Elles tannent.
Une idée vient faire grincer leurs dents, raffermir leurs poignes, bouillir leur sang : Et s'il s'agissait de peaux humaines ?
« Combien ? » Demande la mercenaire.
« Je dirais une vingtaine, peut-être plus.
- J'aurais dit quinze.
- Il y en a qui sortent de la grotte.
- D'autres y rentrent.
- Mais ça veut peut-être dire qu'il y en a à l'intérieur. »
A y réfléchir, le comportement des satyres ressemble étrangement à une patrouille. Une relève de garde...
« Le terrier doit être l'endroit où ils gardent les prisonniers. » Observe Allester.
« Ca semble logique. Ils se relaient au poste.
- Où est-ce qu'ils stockent la nourriture, selon toi ?
- Aucune idée. Je vois pas de garde-manger.
- Moi non plus.
« Alors ? Quinze ? Vingt ? » L'interroge la mercenaire, perplexe.
« Vingt, mieux vaut s'attendre au pire.
- Au moins on sera pas surpris. Vingt à deux, ça peut se faire ? »
Allester observe longuement les mâles. Même à cette distance, il peut le voir : ils sont redoutablement bien constitués. Certains ont les cornes cassées, ce qui signifie qu'ils ont survécu à de rudes combats, et, connaissant le tempérament des satyres, en sont sortis victorieux. De sauvages et puissants vétérans, des tueurs d'hommes.
« On aurait dû apporter du renfort. » Grince Allester.
« De qui ? De la milice ? Tu parles, ça aurait juste alourdit les pertes. » Rétorque t-elle en un rire jaune.
« On aurait évité l'encerclement. » Poursuit-il d'un ton froid, sans détacher ses yeux du campement.
Plongé dans une profonde réflexion, les yeux du chevalier semblent danser d'un point à l'autre du campement et de ses alentours, jaugeant la force de chacun de ses occupants, la nature du terrain, de leur équipement, tentant de mettre au point une tactique qui permettrait survie et victoire.
L'air se glace autour de lui, imitant le froid acier, le froid regard, la froide expérience.
« Alors qu'est-ce qu'on fait ?
- Diversion. Je peux tenir la ligne, attirer les mâles à l'extérieur, toi tu charges le campement, tu récupères le garçon, et dès que c'est fait tu reviens me prêter main forte.
- T'as l'euchorol qui craque ? » Lâche Kleyï, stupéfaite. « On y va à deux et on les massacre, en les prenant par surprise on peut salement dégrossir leur nombre, et on aura plus de chances de survie si on reste groupés. » Poursuit-elle en pointant le campement de la main.
« Si l'un de nous deux est blessé ça va nous déconcentrer. Tu connais les satyres : une seconde d'inattention et c'est ta gorge qui y passe.
- Tu me parlais d'encerclement ? Supposons que t'y ailles seul, ou qu'y aille seule, on va avoir, dans le meilleur des cas, dix satyres sur chacun de nous deux. Là l'encerclement il est assuré.
- Alors en avoir vingt d'un coup ça te paraît plus sensé ?
- Non, mais on peut surveiller nos flancs, et protéger nos arrières.
- En infériorité numérique il faut diviser les troupes ennemies. Je te le dis : je peux tenir. Une fois que le gros de leurs forces aura quitté le campement, t'auras l'avantage de la surprise, ce sera comme moissonner un champ de blé. Tu élimines leurs réserves, tu fais sortir la cible, et tu me rejoins. On les prend en tenailles. »
Le silence s'installe, soufflée par la sagesse tactique de son camarade, qui l'a fait passer de compagnon d'armes à chef des opérations, Kleyï perce du regard le heaume du guerrier, tentant d'y retrouver le visage de l'homme qu'elle avait recruté il y a deux jours de cela... Mais impossible de traverser l'armure, à présent. Il est redevenu de métal.
Sa voix est de fer, dure et glaciale, son regard est d'acier perçant et effilé. Elle peut presque sentir son corps se raidir, sa peau craquer sous la pression de ses muscles, un sang de givre coulant dans ses veines, et la résolution martiale d'un guerrier proche de l'assaut dominer son esprit et le transformer en un automate meurtrier, une machine à tuer que l'imminence de la bataille a réveillé, comme un feu que l'on ravive à l'approche de l'hiver.
Être artificiel, forgé dans les flammes des barouds, sur l'enclume du conflit, animé par les signes de la haine, alchimie des hommes avides et des peuples belliqueux... C'est un golem de guerre.
Elle hoche lentement la tête.
« Comme tu voudras.
- Attends mon signal. »
Le gantelet se referme sur le manche, la lame chuinte dans un sifflement de mort.
L'armure grogne et les mailles cliquettent, le chevalier se lève, arme au poing.
Le tueur reprend du service.